Nous repartons de Zagora avec un très beau soleil, mais le vent s’est levé. Nous remontons le drap, (pardon, c’est le correcteur qui fait des siennes) l’oued Drâa vers le sud, la porte du désert. Arrêt à la zouia de Tamegroute, centre religieux séculaire, bibliothèque coranique crée par le théologien vénéré Ben Nasrir et village de potiers. Le village possède des rues aériennes et souterraines, éclairées par quelques puits de lumières percés tous les 30/50 m.
Un « berbére noir » comme il se présente, Abdu Jelil, 48 ans, plus têtu que moi (il faut le faire) car je voulais visiter seul, nous invite chez lui. Il fait partie des 120 familles qui vivent encore dans ce village. Il occupe cette maison sur 3 nivaux avec sa jeune femme de 30 ans et sa fille de 7. On peut voir la cuisine et le minuscule butagaz, le salon et la chambre unique. Un puits de lumière donnant sur la terrasse éclaire chichement la maison. Un genre d’hôpital est à proximité du Marabout richement décoré, les malades restent sous les arcades, couchés sur leurs paillasses : ils attendent un miracle… c’est le Lourdes local.
A côté, la bibliothèque rassemblant des ouvrages vénérables, dont un sur peau de gazelle avec des lettres d’or et des enluminures datant du 11éme siècle, des traités de médecine, de mathématiques, d’astronomie présentant le systême solaire (antérieur à Copernic). De belles pièces, bien commentées par le conservateur, mais pas de photos.
Suite de la 1ére photo (quel désordre !) Marie Christine avec Abdu Jelil sur sa terrasse et une fenêtre décorée du Marabout. Avec sa rétribution méritée, Abdu a eu en prime des gellules pour soigner son estomac (les médocs sont d’autant plus chers que la sécu marocaine…). Si nous revenons l'an prochain, il nous invite à un couscous préparé par sa gazelle. C'est noté, Inch Allah.
Nous ressortons par une belle porte en pisé et reprenons la route.
Les pluies des derniers jours s’écoulent encore dans les oueds, la route, toujours étroite, nous oblige à rouler à moitié sur la piste, sans reparler des nids de poule… Les paysages sont très variés : montagne et cailloux, sable que le vent balaye sur la route, palmeraies et cultures irriguées. Puis on arrive au Ksar d’Ouled Driss …
Visite d’une kasbah vieille de 5 siècles, musée de la vallée. Deux patios bordés d’arcades sur les 4 cotés apportent la lumière à l’exposition d’objets (jarres pour conserver les aliments), d’outils, accessoires culinaires, habillement : à droite les mariés arabes, à gauche berbères. Au centre les voiles noirs traditionnels brodés de couleurs vives arabe et berbère. Un peu plus tard, nous achetons des dattes et du pain maison chez l’habitant : surprise, à part l’électricité, pas beaucoup de changement. Rue souterraine sur 100m, on n’y voit rien à 18h ! la pièce ouverte sur le ciel, le tout en pisé. Les dattes sont de la palmeraie, conservées en sac plastique de 50 kg, bien tassées/collées, mais plutôt bonnes. En ressortant, la lumière du jour déclinant est remplacée par des ampoules qui éclairent comme des veilleuses...
On continue vers Mhamid, fin de la route. Au-delà c’est le désert : OK pour les chameaux et 4X4 mais pas pour nous. En plus, le vent s’est vraiment levé, on à l’impression d’être dans le brouillard mais c’est de la poussière. La ville est quelconque, les campings trop aérés, on fait un petit tour dans la palmeraie. Les plantations sont bien avancées, les orges ont déjà des épis bien formés : soleil + irrigation = pousse rapide garantie. Malheureusement, sur toute la vallée, beaucoup de cultures, de canaux d’irrigation sont à l’abandon. La sécheresse depuis 5/6 ans, les conditions de vie difficiles de ces cultivateurs, l’attrait de la ville (il y a énormément de constructions dans toutes les agglomérations) expliquent ce déclin.
Retour au camping de Ouled Driss, tranquille, nous le partageons avec un couple d’anglais et des français qui font un trek à cheval. Le lendemain, surprise : un campeur marocain est enveloppé dans son sac de couchage, par chance, la nuit a été douce et sèche. Le lendemain, on redescend le Drâa, plein nord et on croise une petite caravane de dromadaires : le chamelier nous explique qu’il emporte les bagages, tentes et accessoires de la famille qui fait le trek à cheval et qui voyage léger.
La route du retour nous parait plus belle qu’à l’aller : le beau temps presque sans vent, pas de poussière, y est pour beaucoup. Après Agdz, nous entrons rapidement dans des paysages montagneux : on franchit un col, le Tizi N Tinififft à 1660m avant de redescendre sur Ouarzazate. Les roches ont des couleurs et des formes très différentes, j’y ai vu les pyramides de Ghiset, mais j’ai été impressionné par les « vallées sèches », vertigineux canyons, dont la roche noire polie donne l’impression d’être une surface liquide.
Enfin, le dernier cliché à droite, au fond, sous les nuages cotonneux, les neiges de l’Atlas.
A suivre : Ouarzazate et Ait Benhadou